En ce mois d’août, les habitants de Ganrou, petite village située à 120 km de la troisième du Benin, Parakou, sont débordés. Depuis deux mois hommes et enfants de ce village s’attèlent, en cette grande saison de pluie à semer les graines de coton et de soja sur des centaines d’hectares.
Les femmes, elles, ont plutôt élu domicile dans le principal cabinet médical du village de ganrou à cause de l’épidémie du paludisme qui sévit depuis le début de la saison pluvieuse.
Ousmane, jeune peuhl d’un an, alité depuis trois jours, souffre du paludisme. Il a subi un traitement médical intensif. Car à son arrivée au centre médical, il était entre la vie et la mort. Aujourd’hui s’étant remis partiellement de sa convalescence grâce aux soins que lui a administré le docteur Mensah Ayélé, il est toujours en vie.
La trentaine révolue cette jeune femme diplômée de médicine, dirige depuis deux ans le cabinet médical de Ganrou. Comme certains de ses collègues de la faculté de médecine de l’université de Parakou, elle a fait un choix difficile : exercer son métier dans un village reculé loin des siens, dans des conditions précaires.
« On a plus besoin de moi en zone rurale qu’en zone urbaine »avance-t-elle tout sourire. Entourée des ses deux collaboratrices, elle travaille au quotidien à assurer des soins de qualité à ses patients
Un pari gagné
Le choix du docteur Mensah Ayélé paraitrait plutôt insensé aux yeux de certains de ses collègues médecins n’ayant pas pu franchir le pas .Car, pour eux, entamer une carrière professionnelle dans une zone reculée de la capitale serait signer son arrêt de mort.
Aujourd’hui grâce à sa détermination, elle a pu agrandir et équiper son centre de santé qui accueille plus de 250 patients chaque mois. C’est également grâce aux bénéfices générés par son centre médical qu’elle a pu s’offrir une belle voiture tout terrain noir qu’elle exhibe avec fierté.
Ce risque, Mensah Ayélé, fille unique d’une famille de quatre enfants, n’est pas la seule à l’avoir fait. Elle a été suivie dans cette démarche par plusieurs anciens amis de faculté.
C’est justement le cas du docteur Nouatin vigniavo fidel et du docteur Yarou Mousse. Ces derniers, ont aussi préféré mettre leurs compétences aux services des populations rurales qui manquent des soins de qualités.
Le docteur Nouatin vigniavo fidel, 30 ans, est père de trois enfants. Il a quitté sa luxueuse villa de Porto-Novo,ou vit sa famille, pour exercer son métier dans le département de Nikki tout précisément dans le village de Boucanerè situé à plus de 400 km de la capitale.
Chaque jour il ausculte près de 30 patients, souffrant pour la plupart de paludisme d’anémie et de biens d’autres pathologies. Un choix qu’il ne regrette pas « j’ai voulu me rendre utile c’est pour cette raison que j’ai accepté apporter mon expertise à ces populations qui manquent de soins de qualité» explique-t-il avec modestie.
Pour son confrère, le docteur Yarou Mousse du village de Gberou Gbassi, c’est l’envie de lutter efficacement contre le phénomène de « Piqueur sauvage » qui l’a poussé à exercer en zone rurale.
« Dans la plupart des zones rurales du bénin il n’y a pas de médecins. Alors les soins sont souvent administrés par des médecins ambulants sans qualification. Ces derniers utilisent parfois une même seringue pour plusieurs patients ou encore administrent des soins sans effectuer de véritable diagnostic »raconte-t-il.
Leurs présences dans ses zones autrefois dominés par des piqueurs sauvages à contribuer selon leur dire à réduire considérablement le taux de mortalité.
Un partenariat gagnant- gagnant
L’installation de ces médecins dans les zone rurales est le résultat du projet « Médicalisation des zones rurales défavorisées dans le Nord Benin ».Un projet quadripartie, exécuté par l’état béninois ; l’université de parakou, les communes et ONG française Santé sud. Depuis son lancement en 2009 ce projet a permis de recruter des médecins volontaires de les former et de les installer dans leur zone d’intervention.
« Avec ce projet nous avons pu apporter les soins de qualité à plus de 500 000 patients» se félicite le docteur Ismailou Yakoubou coordonateur dudit projet.
La réussite de ce projet a été rendu possible grâce aux efforts conjugués des différents partenaires et particulièrement ceux du docteur Ismailou yakoubou .Ce dernier a su convaincre les jeunes médecins ont tenté cette aventure qui s’annonçait au départ périlleuse. Mais au fil du tems l’inquiétude des uns et des autres se sont dissipé avec les succès enregistrés sur place. La gestion de ces cabinets médicaux ruraux est confiée aux médecins en question avec un droit de regard du gouvernement béninois et des différents partenaires. C’est grâce aux recettes générées par les cabinets qu’ils arrivent à se faire un salaire mensuel qui est de 200 000 FCFA au minimum.
Daniel ADDEH de retour de Parakou,Bénin